– Ils N’OSENT PAS parler en français.
– Donnez-leur l’occasion de le faire et surtout de le refaire. Organisez les échanges : tantôt en tandem, tantôt en groupe, tantôt en grand groupe, tantôt en groupe-classe. Mettez en scène vos activités et les tours de parole de sorte que les élèves s’expriment le plus souvent et le plus longtemps possible. Qu’ils imitent, qu’ils répètent, qu’ils récitent, qu’ils interprètent, qu’ils lisent à haute voix, qu’ils exposent, qu’ils racontent et qu’ils (vous) interrogent… A vous de jouer !
– Les problèmes de TEMPS…
– Comment gagner du temps ? Définissez vos priorités : avant tout, les élèves ont besoin de parler pour apprivoiser la langue. Ils doivent donc se sentir à l’aise en français. Faites-les lire à haute voix et avec des pauses des silences étudiés ! Faites-les chanter ou interpréter des rôles (ils utiliseront le magnétophone). Cela prend du temps ? Sacrifiez, s’il le faut, des activités que vous aviez préparées (vous les resservirez une autre fois).
Pour parler une langue étrangère ou avancer dans une mer un peu froide, on a besoin de se saisir. Il faut du temps pour obtenir que les élèves acceptent de changer de peau et de jouer aux francophones.
Comment les convaincre ? Montrez que vous croyez à ce que vous faites et à leur réussite, en vous appuyant sur leurs progrès… que vous leur ferez constater. Racontez- leur les progrès d’autres apprenants!
– Ils sont INCAPABLES de formuler des phrases en français.
– Ils ne peuvent que progresser ! Faites-les lire et relire de petits textes à haute voix, dans une ambiance détendue (pourquoi pas avec un fond musical serein ou cool ?), en variant le ton, le rythme et en marquant des pauses expressives, afin d’exercer leur intonation et leur débit. L’articulation correcte en dépend et en découle souvent. Comme l’a dit un professeur de chant britannique : « D’abord l’expression, puis le rythme, puis les notes. ».
Enregistrez-les et réutilisez leurs enregistrements. Vous verrez, c’est magique (c’est commode avec les petits groupes de quatre… et plusieurs magnétophones).
N’insistez pas sur les difficultés de prononciation du français, vous risqueriez d’augmenter celles de vos élèves et d’exagérer les différences entre les deux systèmes linguistiques. Essayez plutôt d’intégrer les formes difficiles dans des activités, en les prononçant et re-prononçant avec eux.
A l’occasion d’un jeu de rôles, vous pouvez aussi remarquer les élèves qui sont parvenus à bien articuler ; faites-leur répéter les séquences intéressantes ; proposez-leur d’entraîner les moins hardis en petit groupe ou en duo.
Réutilisez les textes des dialogues et des jeux de rôles reproduits dans les manuels. Avant de se sentir à l’aise, vos élèves auront besoin de jouer le même dialogue plusieurs fois (assis puis debout, avec le magnétophone, et enfin en public) en variant leurs gestes, leur débit et leur intonation. Qu’ils s’amusent à modifier les répliques, c’est bon pour la mémoire.
Le saviez-vous ? : s’ils n’ont plus peur de parler ils hésiteront moins à comprendre ce qu’ils entendront.
Encore une chose : lire à haute voix aide à stocker en mémoire les expressions et les phrases.
– Que faire LIRE À HAUTE VOIX ?
– Des énoncés courts : titres de journaux ou de films, légendes de photos, chapeaux d’articles, proverbes. Des textes courts : blagues, faits divers, petits poèmes, ou les paroles rapportées en italiques dans les articles de journaux. Idéal, pour des activités courtes!
Pourquoi ne pas réutiliser les récits ou les dialogues créés par les élèves d’autres classes du même établissement ?
Pourquoi ne pas enregistrer leurs lectures à haute voix, puis en faire écouter les meilleurs extraits à une classe qui n’aura pas encore étudié le texte ?
Un exemple d’activité paradoxale : on peut également habituer les apprenants à mettre le ton en leur donnant à lire un texte… dont ils ne comprennent pas le sens ! Étonnez-les d’eux-mêmes.
L’OBJECTIF est de distinguer prononciation et compréhension… et de donner le change en parlant avec aplomb. Enregistrez-les, faites-leur aussitôt réécouter leurs lectures ; soulignez ce qu’ils ont bien prononcé sans comprendre… mais à s’y méprendre.
NOTE SAVANTE : Cet entraînement délibéré au bluff – honnête – peut même leur faire deviner rétroactivement le sens de ce qu’ils auront prononcé (voir aussi la fiche CHANSON et la question précédente). Plusieurs élèves comprennent mieux le texte après l’avoir lu plusieurs fois, à haute voix, sans se forcer à le comprendre.
– Parler uniquement en français avec des élèves FAIBLES, est-ce réaliste ?
– Oui, à certaines conditions et à certaines phases de la séance. Informez votre classe des RÈGLES DU JEU et établissez (en langue 1 ou en anglais) le CONTRAT suivant :
« Je ne parlerai qu’en français durant les activités. Les cours sont fondés sur le pari suivant que nous gagnerons : si vous ne comprenez pas tout tout de suite, vous comprendrez plus tard, petit à petit.
Soyez patients, faites-moi confiance… et faites-vous confiance : ayez confiance en vous et dans l’efficacité des échanges en groupe. Vous pouvez comprendre et apprendre tout ce que je vous proposerai.
Par ailleurs, lorsque je parlerai en français à toute la classe, il sera possible d’aider son voisin en lui chuchotant une explication ou une traduction. Enfin, je répondrai à vos questions, au moment du BILAN – ÉVALUATION « .
– Pourquoi ne pas EXPLIQUER LES CONSIGNES en français ?
– Pour expliquer les nouveaux objectifs ou les nouvelles règles du jeu et pour réfléchir ensemble sur le cours, on parle plus rapidement en langue 1 ou en anglais. On doit éviter d’expliquer les activités avec un langage technique plus difficile que celui des exercices et des documents !
Les élèves voient peu le professeur : au lieu de passer trop de temps à expliquer des tâches en français, utilisez plutôt la langue cible pour donner des informations utiles, faire découvrir des choses, répondre à la curiosité sur les Français et la France. Si votre CONTRAT est clair et s’ils se servent des outils d’apprentissage à leur disposition, pendant les activités vous pourrez parler seulement en français.
Au bout de quelques semaines vos élèves seront habitués à votre démarche, vous pourrez alors, en français, rappeler les consignes des activités connues (ils peuvent aussi utiliser leurs manuels) et animer les discussions de l’étape BILAN- ÉVALUATION. Vous (et vos élèves eux-mêmes) découvrirez que bien des apprenants sont capables de parler en français de ce qu’ils viennent d’étudier (on m’a vérifié, on l’a filmé !).
– Comment encourager les ÉLÈVES HÉSITANTS ?
– Comment leur donner envie de parler en public ? Habituez-les. Donnez-leur à lire un passage à haute voix, etc. (voir ci-dessus). Posez-leur des questions en vous contentant d’un mot en guise de réponse. Ils ont répondu par « oui » ou par « non » et c’était juste ? Déclarez-vous satisfait et passez à l’activité suivante. Modeste mais réussie, cette participation aux échanges les encouragera à risquer un énoncé plus long (avec les cartons de communication).
Vos élèves oseront parler en français s’ils vous font confiance, s’ils se sentent à l’aise dans le groupe et si le sujet et l’activité les intéressent. Soyez intéressant et faites-les parler de choses intéressantes.
– Comment faire CHANTER les élèves ?
– Comment les aider à chanter !? Chantez le premier / la première !…
Donnez-leur ensuite le choix : faites chanter un vers ou une phrase aux volontaires et demandez aux plus timides de le réciter haut et fort. Puis chantez à nouveau.
A la fin du cours, les plus courageux chanteront le couplet et la classe reprendra le refrain en choeur !
Combien de gens parlent mieux l’anglais grâce au karaoké !
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