Boîte à outils

SOMMAIRE

  1. Cours mode d’emploi
  2. À questions concrètes… réponses concrètes ?
  3. Cartons d’aide à la communication en classe
  4. Que faire avec un dialogue ?
  5. Que faire avec une chanson ?
  6. Que faire avec un texte ?
  7. Créons un photoroman
  8. Que faire avec une vidéo ?
  9. Que faire avec la radio ?
  10. Grammaire, théâtre et correction

PRÉSENTATION

La boite à outils ?

– Alias Cours, mode d’emploi ! c’est un matériel pédagogique destiné à tous les futurs – et même déjà – professeurs de Français Langue Étrangère (FLE pour les intimes).

– QUI L’A RÉALISÉ ?

– Yannick Lefranc et Mélissa Barkat, pour le Bureau de Coopération Linguistique et Educative du Service Culturel Français de Londres, en liaison avec le Central Bureau britannique et avec la collaboration de plusieurs groupes d’assistants qui l’ont testé dans leurs classes de 1995 à 1997. On l’a expérimenté, depuis, en France et ailleurs, avec des élèves de FLE – ou même de français langue maternelle.

– QU’EST-CE QU’ON Y TROUVE ?

– Des plans de cours types traitant divers documents authentiques (chanson, texte, vidéo, photos… ou dialogues). Ces fiches sont des sortes de scripts de cours et on a voulu aider l’assistant à monter ses cours comme on monte un film ou une émission de télé.
Il y a aussi 35 cartons de communication : un trésor de formules pense-bêtes qui permettent aux élèves de parler, d’intervenir dans le cours, de poser des questions à leur professeur – ou même de l’interroger (chiche !)-, etc.

– EST-CE VRAIMENT NOUVEAU ?

– A vous d’en juger. Les plans de cours s’inspirent des ce que proposent les méthodes  communicatives de FLE (d’Archipel à ses successeurs) et les méthodes d’auto-apprentissage à distance. Les cartons d’aide à la communication existent déjà un peu partout sous d’autres formes  et rappellent les recueils de phrases pour touristes. Nous avons également médité et tiré quelques leçons pratiques des travaux de Bakhtine, Bourdieu, Brecht, Bruner, Freinet, Freire, Holt, Rancière et Vygotsky !

– QUEL EST L’ OBJECTIF DE LA BOITE À OUTILS ?

– Habituer les élèves à comprendre et produire des messages par eux-mêmes, progressivement, et en utilisant plusieurs stratégies. Quand ils auront constaté qu’ils peuvent réussir, ils auront davantage envie de parler, de lire et d’écouter du français en dehors de l’école.

– Intéressant… mais, concrètement, comment y parvenir ?
– En aidant les professeurs à préparer leurs cours. La Boîte à Outils vous montre comment on peut faire faire (et laisser faire) beaucoup de français aux élèves et étudiants. Ils apprennent en agissant sur les supports, et en manipulant les outils : les exercices associés à leurs corrigés. L’enseignant anime les activités et il devient le scénariste et le réalisateur de ses cours.

– C’est-à-dire !?
– C’est un scénariste qui précise la suite des actions (les activités) et les rôles des acteurs (les apprenants). C’est un réalisateur qui organise les déplacements des acteurs (les élèves, lui-même) et des accessoires (les documents, les outils d’apprentissage). Les premiers rôles sont tenus par les apprenants. Les stars de la classe, ce sont eux ! L’enseignant-animateur, scénariste et réalisateur du film (= du cours) lui aussi est un acteur mais un  acteur qui sait partager la vedette avec ses élèves ou ses étudiants.

– Bravo… Mais est-ce que ça marche ?
– Oui, si le professeur prépare les étapes et la mise en scène de sa leçon. S’il prévoit une succession d’activités variées que chaque apprenant expérimente seul et en groupe. A la fin de la séance, non seulement tout le monde a compris le texte ou le dialogue – ce qui n’est pas très difficile – mais tout le monde a appris ce qu’il y avait à apprendre.

– C.Q.F.D. !… Est-ce bien réaliste ?
– Les étudiants et les enseignants qui ont joué le jeu en Syrie, en Grande-Bretagne ou en France ont pu constater que ça marche. Quand on donne aux élèves les occasions et le temps de travailler et de retravailler : de faire des hypothèses, d’en discuter en groupe, puis de les vérifier avec les corrigés et, au besoin, avec la traduction (présentée à la fin dans le désordre, pour titiller les méninges).

– Je devine que vous vous posez en vous opposant. A quoi ?
– Organiser le travail de la classe sous formes d’échanges c’est du même coup sortir des engrenages stressants et ennuyeux qui pèsent sur les élèves et paralysent leurs capacités (on sait maintenant que l’ennui engendre l’anxiété…). Avec La Boîte à Outils, on aimerait aider à éviter certaines routines et certains réflexes contre-productifs.

– Par exemple ?
– Ce que j’ai trop souvent fait :
1. J’interroge comme dans un jeu-concours où je pose des questions à la classe en attendant des réponses immédiates.
2. J’explique à tout bout de champ : j’explique longuement en introduction et j’interromps l’activité pour définir un mot ou commenter une forme grammaticale « importante »… Répondant à des questions que les élèves n’ont pas eu l’occasion ni le temps de poser.
3. Je ne m’explique pas sur mon cours : je  n’informe pas les apprenants des buts de la leçon ni de l’utilité de mes activités. Je ne réponds pas aux questions qu’ils se posent… ou que découragés, ils ne se posent plus.
4. Je fragmente : je divise les élèves et je morcelle le travail. Pas d’échanges organisés entre les apprenants, pas de réutilisation de leur matériel ni de leurs productions, ou encore, pas d’usage de l’écrit pendant l’activité orale.

Chaque élève se retrouve dans une situation de compréhension ou d’expression inutilement pénible :
. la tâche pose des problèmes ardus
. l’apprenant a peu de temps pour les résoudre
. il doit s’en sortir individuellement, et parfois seul contre tous
. il a peu d’outils et il n’est pas habitué à s’en servir en classe.

– PRONEZ-VOUS LA NON-INGÉRENCE ET LA NON INTERVENTION DE L’ ENSEIGNANT ?

– Non, plutôt l’ingérence et l’intervention différées. Qu’on prépare le scénario de son cours, qu’on réunisse les conditions de l’apprentissage réussi, qu’on laisse les élèves travailler (en étant prêt à leur donner des conseils de méthode, ou à leur fournir des exemples de langue correcte, s’il le demandent). Et puis qu’on fasse le point tous ensemble.
Encore un exemple : pourquoi, à l’oral, ne pas laisser les élèves terminer ce qu’ils ont à dire au lieu de leur couper la parole pour les corriger (en public, devant tout le monde…) et leur faire perdre leurs idées ou les dissuader de reprendre la parole ?

– Vous avez vous-même corrigé ainsi ?
– Oui, trop souvent, et je risquerais de recommencer si je me retrouvais dans les mêmes conditions de surcharge de travail, d’absence de réunion pédagogique, etc.

– Qu’est-ce qu’on peut y faire ? 
– On peut essayer d’intervenir sur les ressources : les « forces productives pédagogiques ». Un  matériel comme La Boîte à Outils peut alléger la préparation des cours : en mettant à la disposition  des enseignants des documents, des exercices avec leurs corrigés, des activités et de plans de séance. Ce type de matériel devrait également faciliter la conduite du cours : en proposant des mises en scène où les élèves peuvent agir et réussissent à reconnaître des formes, à comprendre, à reproduire et à s’exprimer ; et où l’enseignant prend du recul et devient plus disponible.
Je vois deux catégories de plans de cours et deux types de préparation :
.  des plans avec les outils déjà prêts : les exercices et les corrections, les questions et les réponses.
.  d’autres plans où les élèves eux-mêmes, pendant la séance, fabriquent les outils en équipe.

– COMBIEN DE COURS TOUT PRÉPARÉS DANS LA BOITE À OUTILS ?

– On en trouvera une bonne vingtaine. Mais il en faudrait des centaines. Pourquoi, à l’heure d’Internet, les enseignants ne pourraient-ils pas s’approvisionner à une banque de cours de FLE tout faits, prêts à l’emploi ? Y compris des cours filmés !

– C’est un appel ? 
– Oui. Ce serait super si les professeurs avaient sous la main un large éventail de ressources gratuites ou modiques : un grand choix de cours clés en main structurés et modulables, faciles à appliquer ou à adapter. Qu’on en produise, qu’on les expérimente et qu’on les fasse circuler ! Encore un mot…

– Un dernier mot… 
– Pourquoi ne pas élaborer un droit du travail d’apprentissage ? Quelques pistes : chaque apprenant aurait le droit et les moyens
.  de faire des efforts couronnés de succès
.  de maîtriser des savoirs et savoir-faire difficiles
.  de réfléchir à son apprentissage
.  de poser des questions au professeur
.  d’avoir le temps de réaliser ses tâches
.  de consulter ses collègues
.  de vérifier et de se corriger
.  de s’auto-évaluer
.  de diffuser ses (re)découvertes et des (ré)inventions au-delà de la classe.