Le Clézio : séance n°4

FIL DIRECTEUR DE LA SÉANCE N°4 – ETUDE DE L’UNITÉ 3

AXE : L’épreuve – succès provisoire et course au désastre

  • La ronde, mortelle randonnée.
  • Un meurtre programmé. Ses coupables. Réquisitoire de Le Clézio.
  • Plaidoyer pour une jeunesse sacrifiée.

1. VERIFICATION DE LA COMPREHENSION DU TEXTE

Constater qu’ il y a des rondes

       1.1 Examen de l’épreuve, la ronde des filles seules.

On cherche dans le texte uniquement le récit de la ronde.

* La forme d’ une ronde

« Tout d’ un coup, Martine donne un coup d’accélérateur, et le vélomoteur bondit sur la chaussée. […] Elle roule vite, suivie de Titi. Les deux vélomoteurs avancent avec fracas sur la chaussée déserte, s’ éloignent.[…]

Martine roule devant Titi, elle fonce à travers les rues vides, elle penche tellement son vélomoteur dans les virages que son pédalier racle le sol en envoyant des gerbes d’ étincelles.[…] La ronde les emmène loin à travers la ville, puis les ramène lentement rue par rue, vers l’arrêt d’autobus où attend la dame au sac noir. C’ est le mouvement circulaire…

Alors la ronde se referme, ici, sur la grande rue de la Liberté. Maintenant les vélomoteurs vont tout droit[…] Les vélomoteurs roulent tout près du trottoir, dans le ruisseau.[…]

Presque sans ralentir, le premier vélomoteur est monté sur le trottoir, il s’ approche de la dame en bleu.

Quand cela se passe…

… les deux vélomoteurs s’ enfuient vers le carrefour. »

Les deux filles décrivent un cercle, avec un point de départ, la dame en bleu, et un point d’arrivée, la dame en bleu, évidemment.

On peut faire un schéma, ou utiliser un plan quelconque de ville, ou une photographie panoramique pour dessiner la course des deux filles.

* Le succès de l’ épreuve : Le sac de la dame en bleu  a été arraché, Martine tient son trophée, la preuve qu’elle a réussi. « La boucle est bouclée ».

Restera à évaluer la portée de ce succès. Est-il ressenti comme tel par Martine ? Non, très vite le sentiment du vide revient en elle.

       1.2 Des rondes qui vont fatalement se croiser

– On reprend l’ axe déjà commencé et on place les « rondes » les unes par rapport aux autres : la dame en point fixe, la ronde des filles et celle du camion bleu, jusqu’ au moment où les deux routes se croisent.

– A ce point-là, on est strictement dans le fait divers.

Définition : "Les faits divers : les événements du jour (ayant trait aux accidents, délits, crimes) n'ayant aucun lien entre eux, faisant l'objet d'une rubrique dans les medias[...] - Au sing. Un fait divers tragique, marquant."  (Dict. ROBERT)

Il s’agit bien de cela, et à double titre : un acte de délinquance, suivi d’un accident de la circulation.

– Questions : Comment comprendre le rapport entre la ronde du camion et le duel précédent. Y est-il totalement étranger? S’agit-il de malchance? Ou le camion est-il l’instrument obligé, désigné d’une fatalité inéluctable?

– On entre alors dans l’ interprétation du fait divers, c’est-à-dire la recherche du regard, du jugement de Le Clézio sur les événements.

 

2. POUR LE CLEZIO, UN MEURTRE et DES COUPABLES

      2.1 Un meurtre

MEURTRE : Action de tuer volontairement un être humain.( Dict. ROBERT) (A distinguer de "assassinat")

Pour Le Clézio, c’est clair ; ce n’est sûrement pas un hasard si le dernier mot du texte est « meurtrier », et si cet adjectif concerne le sac de la dame. Cela pose clairement la question des responsables, des coupables.

      2.2 Réquisitoire contre les coupables

* Ce n’ est pas le chauffeur du camion

A certains égards, il ressemble aux deux filles : lui aussi se penche pour rechercher la vie, en vain. Lui aussi plisse les yeux, il souffre de tant de lumière, de chaleur, de fumée de gaz oil, de bruit, de la circulation… Pour lui aussi, le véhicule est comme un animal furieux. « Il sent la fatigue et la faim ». Lui aussi est une victime de ce monde.

* C’est tout un monde dont la caractéristique est la violence (l.328 à 332), une violence rentrée, larvée, qui ne dit pas son nom.

  • Le cadre urbain ( à reprendre rapidement)
  • Les immeubles et leur absence de vie : il faut relever le vocabulaire ( « membranes de leurs rideaux », « dans les cellules de leurs appartements »)
  • Les adultes, véritables morts vivants :

« Dans les immeubles neufs,…immobiles » (l.352 à 371)

Ce texte est à analyser pour en répertorier tous les éléments et parvenir à la conclusion : monde des grandes cités industrielles de la deuxième moitié du xxe siècle, monde de l’absence, de l’artifice, d’ où la vie est partie, prison ignorée comme telle par ses prisonniers, complètement aliénés. La varitable violence, c’est cette négation de la vie, cette machine à tuer la vie. C’ est un monde mort, porteur de mort, et agressif. C’est le monde qui provoque des sursauts de vie chez ceux qui ne sont pas encore détruits : c’est l’analyse de l’épreuve décidée par les deux jeunes filles.

A ce titre, la dame et son sac sont parfaitement symboliques, et de ce monde, et de sa culpabilité. L’accident qui détruit Martine et sa jeunesse de façon irrémédiable en est le résultat direct. Ce n’est pas un malheureux concours de circonstances.

La façon dont le chauffeur, d’une part, et la ronde du camion d’autre part, sont présentés montre bien qu’ il s’agit là aussi d’un produit de ce monde qui a perdu le sens de l’humain.

* Réquisitoire de Le Clézio

Réquisitoire : développement oral par le représentant du ministère public des moyens de l’accusation./ Fig. : Discours, texte qui accuse quelqu’un en énumérant ses fautes, ses torts, qui dénonce les imperfections de quelque chose.
  • Il prend la parole pour nommer les coupables et analyser leur torts. Cette partie du texte est écrite à la troisième personne Il faut qu’il y ait un « je » pour dire « ils ».
  • Choix du nom de la rue – Rue de la Liberté – à mettre en regard avec le déterminisme qui produit cette tragédie : la dérision est accusatrice.
  • La construction de ce texte comme une mécanique fatale en marche.
  • Retrouver dans tout le texte les expressions qui disent que ce qui se passe est inéluctable.

 

3. PLAIDOYER POUR UNE JEUNESSE SACRIFIEE

Plaidoyer : Discours prononcé à l’audience pour défendre le droit d’une partie./ Mod.: défense passionnée d’une ou plusieurs personnes dans une grave affaire publique. (Dict. ROBERT)
  • Une jeunesse avide de se sentir vivre. Recherche de sensations fortes.
  • Une jeunesse qui ressent la violence d’ un monde mort, alors que les adultes ne sentent plus rien, qu’ ils ont basculé du côté de la mort.(importance de l’ idée de « vide »)
  • Une jeunesse qui crie, qui souffre (interprétation de la délinquance)
  • Une jeunesse qui veut aimer.
  • Mais une jeunesse condamnée.
    • Personne ne l’écoute, ni ne l’entend.
    • Des actes de desperados qui ne peuvent rien apporter de durable : A peine a-t-elle arraché le sac, c’est-à-dire réussi l’épreuve, que Martine sent de nouveau le vide en elle.
    • L’échec est inévitable, c’est un monde qui tue la jeunesse, d’une manière ou d’une autre. La « ronde », ce jeu d’enfant, est ici un jeu mortel. Ce « fait divers » est parfaitement symbolique. 
DEFINITIONS
Symbole : élément ou énoncé descriptif ou narratif qui est susceptible d’une double interprétation, sur le plan réaliste et sur le plan des idées.
Parabole : Récit allégorique à valeur morale.
Allégorie : Narration ou description métaphorique dont les éléments sont cohérents et qui représentent une idée générale.

4. TRAVAIL A FAIRE

* Rechercher des articles de presse relatant des faits divers.

* Rechercher tous les symboles contenus dans le texte.

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